Le moulin de la Flagère : Voici mon histoire
Moi, le moulin de la Flagère, je tiens à vous raconter ma petite histoire, afin que vous puissiez comprendre ce qui peut se passer si Liliane et Alain n'obtiennent pas votre aide.
J’ai été bâti au cours du onzième siècle, ce qui vous laisse à penser que je ne suis plus un jeune Moulin. Liliane et Alain ont retrouvé différentes traces de mon existence. Je fus en premier construit, mais cela n’était pas suffisant, il a fallu réaliser un bief, à partir de la rivière, afin d’amener l’eau dans un étang, qui lui aussi a été creusé de la main de l’homme, par les Templiers. Cet étang, muni de vannes, servait de rétention d’eau et permettait de réguler le débit de sortie de l’eau, en fonction des besoins du meunier.
Le moulin de la Flagère : Il y avait du grain à moudre
J’oubliais, j’ai reçu tout un ensemble de timoneries, d’engrenages, de courroies et, pour couronner le tout, deux magnifiques roues à aubes « en bois », qui étaient mues par la chute d’eau en provenance de l’étang. Après avoir entrainé mes roues, l’eau repartait par un canal de fuite, repassait sous un petit tunnel et rejoignait la rivière. Déjà en ce temps-là, on ne badinait pas avec l’eau. Il fallait restituer ce que l’on avait prélevé.
J’en ai vu des meuniers travailler dans mon intérieur, j’ai même eu la chance de connaître des meunières, ce qui, je trouve, donnait un air plus joyeux, plus gai. La compagnie des enfants fut quelque chose de formidable et me procura beaucoup de joie. En son temps, une petite étable se trouvait à côté de moi, et le soir, si la personne qui revenait chercher sa farine se trouvait surprise par la nuit, le meunier logeait le cheval et le paysan.
Je ne vous ai pas dit, mes deux roues à aubes avaient deux fonctions différentes. L’une entraînait ma grande meule à moudre le blé, et l’autre, une plus petite, servait à moudre l’avoine et l’orge.
Entre les Templiers et les Hospitaliers
Depuis des temps immémoriaux, j’ai connu bien des vicissitudes. Vers mille trois cent quatorze, suite à la décision du pape, je me retrouvais être la propriété des Hospitaliers, ce qui ne changea pas beaucoup de choses, de prime abord.
Ma première blessure, ce sont les Anglais qui me la causèrent, au cours de la guerre de Cent Ans. Par la suite des évènements firent que mes propriétaires avaient encore changé. Pendant la deuxième guerre mondiale, les parents et grands-parents de Liliane ont habité en mes murs, et des choses étranges se sont passées autour de moi. Des chars allemands se sont cachés sous la frondaison des arbres qui l'entouraient. Par la suite, le père de Liliane a abrité des soldats Anglais et Canadiens.
Tempête et destruction
Voilà environ trente ans, lors d’une tempête un peu plus forte que d’autres, celle-ci a déraciné un gros arbre qui, dans sa chute, est venu détruire entièrement la toiture. Plusieurs repreneurs ont tenté, sans trop y croire, la sauvegarde de ma personne, mais rien.
En 2009, on l’a échappé belle !
Avec Liliane et Alain, cela semble différent, la passion les anime et lorsque je les ai vus devant moi, négocier pied à pied ma reprise, un souffle de joie m’a envahi. Ils ont discuté dur, mais ont obtenu la non-démolition, qui avait pour but de me piquer mes pierres. Je leur appartiens, vont-ils arriver à me redonner vie ? J’ai appris que l’argent a toujours été le nerf de la guerre, comme le dit si bien Alain.
Quel travail magnifique ils ont déjà accompli ! Ils ont rangé les pierres tombées, débroussaillé l’ensemble, coupé les arbres qui poussaient dans l’enceinte de mes murs, et débité ceux tombés depuis longtemps. Je ne vous parle pas des formidables agriculteurs des alentours, qui ont proposé leur aide avec intervention de matériels adéquats. J’ai compris que mes sauveteurs allaient faire le maximum pour atteindre leur objectif.
Mais toujours un avenir incertain
Si Liliane et Alain ne peuvent obtenir de soutien financier et matériel, je crois que leur volonté ne saura suffire pour éviter le pire, la disparition à jamais, purement et simplement.
PS : J'ai oublié de vous dire que je suis ici depuis le XIe siècle, voire le Xe siècle. Je dois ma construction aux Scandinaves. Parole de vieux Moulin, Liliane et Alain, c’est du sérieux.